Localisation : Under a blood red sky (référence indeed)
message posté par Morrigan le Mer 8 Jan - 20:34
Centaure(s)
« Je te connais, monstre. Tu me prends tout. Tu me consumes. Noire et hideuse, tu es toujours là. Aucun chevalier, aucun héros, aucun fou ne t'échappe. Peur. Peur. Peur. Qui n'a pas peur ? Elle, elle tu ne l'arrête pas. Je ne ferais qu'un avec elle. Moitié homme, moitié machine. Un centaure mécanique avec un cœur d'homme. La peur est un monstre. Je suis un monstre. Un monstre qui crache le feu. Un monstre qui arrache le sable. Un monstre de chair. Un monstre de métal. Un monstre plus grand que la peur. Je te connais, monstre. » Laissez vos peurs loin derrière – Pub Honda pour le Touquet 2013
Ça commençait toujours de la même façon. Son estomac se contractait. Ses mains devenaient moites et glissantes. Sa bouche s’asséchait et il devenait difficile de déglutir, voire même un peu douloureux. Parfois ses genoux tremblaient un peu. Dans ces cas-là, il se trouvait vraiment ridicule. Il se regardait dans le miroir et il ne voyait qu’un jeune homme brun aux yeux gris acier qui semblaient être, au mieux, un peu angoissé. Un tic lui faisait alors toucher l’anneau argenté qui perçait son oreille droite. Un geste rassurant. Puis son regard se posait sur sa combinaison et un sourire finissait par étirer ses lèvres. Son estomac se détendait légèrement. Pas de beaucoup, mais suffisamment pour que son contenu cesse de vouloir se frayer un chemin vers l’extérieur. Il fléchissait alors les genoux et le cuir de sa combinaison craquait un peu, encore raide de ne pas avoir été portée depuis un long moment. Puis, quelques instants plus tard, son manager, équipementier, chef d’écurie – au moins trois autres fonctions du même genre – et ami, Mike, viendrait frapper avec enthousiasme sur la porte.
« Ezra, bordel, mais grouille-toi ! »
Il fallait alors quitter le relatif havre de sécurité de la cabine et avoir l’air assuré. Donner le change, le temps d’enfiler le casque et abaisser les lunettes de protection. Une fois « masqué » ce n’était plus indispensable de feinter. Ezra pouvait se relâcher un peu. Les gants terminaient de parfaire le costume. Dehors, l’air semblait moite et lourd. Les rumeurs du public venaient briser le silence en un brouhaha semblable au ressac des vagues. Un bruit de fond que l’on remarquait à peine, tant il se fondait dans le décor.
Il rejoignait sa bécane alors que le moteur tournait déjà pour « chauffer la moto » et son ronronnement avait quelque chose de rassurant, comme le contact métallique contre la paume de sa main droite et les vibrations qui pulsaient à travers le cuir des gants. C’était comme une bête qu’il fallait apprivoiser. Mais Ezra avait dompté l’animal depuis des lustres. Il puisait sa force dans la chaleur que dégageaient les mouvements des pistons au sein du moteur. Une fois qu’il était monté, rien ne pouvait le déloger de la selle de sa moto. Il était comme fusionné avec l’engin. C’était une extension de son corps, reliée directement à son cerveau, obéissant au moindre ordre transmis par les terminaisons nerveuses.
Le signal du départ donné, l’angoisse disparaissait au fur et à mesure qu’Ezra envoyait les gaz. L’univers se rétrécissait jusqu’à épouser la forme de la piste qui se déroulait devant le jeune homme. Et ses concurrents. Mais ils ne comptaient pas. Seuls comptaient sa moto et jusqu’où ils iraient. Ensemble. Les cris arrachés aux changements de rapports étaient autant associés au moteur qu’au pilote. Ils ne formaient qu’une seule et même entité, destinée à vaincre l’asphalte, à vaincre l’animal effrayé qui se terrait au fond d’Ezra qui donnait parfois des coups de griffes sous le coup de la terreur.
Ils étaient un centaure. Un centaure qui ne cesserait de courir que lorsque la ligne d’arrivée serait franchie. Un centaure qui braverait le monstre sombre. Un centaure que rien ne pouvait effrayer. Un centaure que personne ne pourrait vaincre. L’odeur de la gomme fondue mêlée à celle de l’essence brûlée ne le déstabilisait plus. La chaleur avait un côté rassurant. Le chant du moteur, le chant du moteur était la liberté. Il fallait écouter attentivement, danser avec lui. Fusionner avec lui. Devenir le centaure.
Un motard, fait pour la victoire. Un motard qui devait être plus fort que la peur de chuter, que la peur du sur-accident, que la peur de la défaite. Une créature de légende pour surpasser définitivement l’homme. Massif et guerrier, un monstre mythique et sauvage, destiné à s’ancrer dans la mémoire des hommes. Homme et machine. Cavalier et monture, unis dans un même but, par une même volonté.
Et puis, une fois la course terminée, victoire ou défaite, Ezra se retrouverait allongé sur son canapé, haletant, épuisé par la course, éreinté, courbatu… Et pourtant… Et pourtant, il n’hésiterait pas à recommencer. Dans une semaine ou dans un mois. Malgré la peur qui le prenait à chaque fois. Parce que rien ne pouvait remplacer ces sensations. Parce qu’il était fait pour ça. Parce qu’il aimait ça. Il aimait être le Centaure, mi-homme, mi-machine. Parce que dans son sang courait la soif des courses de longue haleine, le désir de se surpasser et d’affronter la peur droit dans les yeux.
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message posté par Morrigan le Mer 8 Jan - 20:39
Petit Laïus à l'intention des lecteurs : si vous avez cliqué sur "play", vous avez découvert que le texte de la vidéo se trouve être... la citation qui débute le texte (et qui ne rend pas très bien je trouve). Cette citation me touche personnellement étant donné que, comme précisé sur ma fiche de présentation, je suis moi-même un "centaure" enfin... une centauresse. Cette pub est un hommage à ceux qui prennent part à l'Enduropale du Touquet (événement annuel) et à ma façon, j'ai décidé de leur rendre hommage, à eux, mais aussi à tous les motards du monde de la course, du stunt... et même de la vie "normale" car même aux motards normaux (moi comprise) il nous arrive de nous faire peur, sur nos "bolides"... Et puis parce que j'suis un peu contre les clichés des méchants motards tout vilains, m'ai j'aurais l'occasion de revenir dessus... Voilà.
Ah, une amie qui a lu ce texte m'a dit que c'était tout moi, on se demande pourquoi
FOREVERTRY†
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message posté par FOREVERTRY† le Mer 8 Jan - 23:01
Tu vas me trouver stupide, mais en ouvrant ton récit ... je ne m'attendais pas du tout à ça XD Pour moi, le centaure c'est le mec mi-homme, mi-animal ! Donc en écoutant la vidéo, je n'étais pas du tout rentrer dans un monde "mécanique" ! Mais j'adore ton style, tu décris à merveille la situation && les sentiments.
Morrigan
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message posté par Morrigan le Jeu 9 Jan - 7:43
Ah ah, c'était la surprise du chef C'est justement ce "détournement" de la définition du centaure qui m'avait plu dans cette pub. Et comme j'aime bien mélanger le fantastique et le normal ! J'ai trouvé qu'appeler le texte "centaure mécanique" gâchait l'effet de surprise.
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