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L'ombre d'un pétale

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Wildside
Wildside


Messages : 21
Date d'inscription : 08/01/2014

message posté par Wildside le Mer 8 Jan - 16:25
N'ayant pas de post de fonctionnement, je suppose qu'on a juste à poster notre texte dans l'une des catégories, et je me lance donc. What a Face N'hésitez pas à commenter à la suite ce que vous en pensez  L'ombre d'un pétale 3596321269 Petite précision; ce fut l'un de mes premier grand écrit. J'ai fait beaucoup de chemin depuis, mais je suis restée dans le même genre style. Et j'y tiens beaucoup, à cette histoire. Elle est un peu mon bébé, donc voilà, je voulais la partager avec vous  L'ombre d'un pétale 3319652882 Soyez indulgents, ce texte date de 4 ans héhé What a Face On nous avait donné un contexte : "roman policier incluant la fleur de lotus". Sur ce, je vous laisse à la lecture.

L'ombre d'un pétale
Je m’appelle Adams Berg, j’atteins presque le mètre nonante. Les cheveux et les yeux bruns, je suis ouvert aux autres. Très joueur, je peux aisément devenir très sérieux quelques minutes plus tard. J’ai trente-cinq ans et je vis à Paris, la ville lumière, avec ma femme. Elle se nomme Léna, rousse de nature, ses cheveux sont devenus blonds après maintes teintures. Elle n’est pas très sociable, plutôt réservée et timide, elle n’en est pas moins très gentille. La première fois que je l’ai vue, c’était dans un bar, elle était seule dans un coin à boire son sirop. Son regard sombre, son attitude distante, m’ont tout de suite charmés. Nous avons toujours su que nous étions faits l’un pour l’autre. Trois mois après notre rencontre nous sortions ensemble et quelque mois plus tard nous emménagions ensemble et nous mariâmes.

Depuis, nous louons un appartement à Neuilly-sur-Seine dans le seizième arrondissement. C’est un petit endroit coquet, très moderne. Avec le strict nécessaire, une chambre, une salle-de-bains, une cuisine, un petit salon, et un bureau, surélevé de quelques marches par rapport au salon. Les couleurs sont dans les tons beiges, fleur de lys. C’est ma femme qui a choisi la décoration. Elle est décoratrice de son métier et aime jouer de son piano à ses heures perdues. Notre appartement a donc été fait selon ses goûts, et je dois dire que c’est réussi. Il flotte même toujours un fond de musique calme dans chaque pièce. De plus, nous avons la grande chance de posséder le rez-de-chaussée, et par ce fait, nous avons une petite terrasse. Là, nous avons obtenu du propriétaire qu'il nous laisse y mettre des fleurs de Lotus. Ma femme en raffole. Elle aime aussi les petites poupées habillées de façon anglaise, très vintage. Seul mon bureau est différent, dans un ton très foncé, terne, triste. J’en ai besoin, d'un lieu de travail épuré pour réfléchir à mes enquêtes, je suis inspecteur de la police criminelle, pas depuis longtemps, certes. A ce jour, je n’ai résolu que de brèves enquêtes, pas assez intéressantes pour qu’on en parle.

En général, le soir je sors de chez moi et je vais me promener dans les rues de Neuilly, me dirigeant le plus souvent vers le parc du « Théâtre d’Eau » pour flâner, me dégourdir l’esprit. J’aime beaucoup cet endroit, vert, et très calme. Beaucoup de personnes âgées sont assises sur un banc à regarder au loin. Moi-même, je m'y repose de temps à autre. Léna ne vient jamais avec moi, préférant jouer de la musique. Elle n’est venue qu’une seule fois, « pour voir l’endroit » m’avait-elle dit. Elle n’a jamais plus remis les pieds dans ce parc. Pourquoi ? Je ne me suis jamais vraiment posé la question. Lena est souvent un peu lunatique,  apparemment, elle aime mieux ses fleurs à elle. Ou alors, elle a compris que ce petit tour du parc est une chose que j'affectionne particulièrement, et que seul, je m'y sens mieux.

Notre arrondissement n’est pas un endroit très fréquenté. Petit quartier de vieux comme on dit. La jeunesse préfère les villes dynamiques et vibrante au son de la musique malgré leur forte pollution. Moi, j’aime le calme. Dans les jardins du parc, certains étangs sont remplis de Lotus, une grande culture à Neuilly. Parfois, j’en ramène à ma femme, quand je vois qu’elle en manque. Même si ça ne m’enchante pas de cueillir ces plantes dans un endroit protégé.

Quand je rentre chez moi, je me pose devant mon bureau, généralement pour faire le point quand je suis sur une enquête. Mais depuis plusieurs, rien de réellement grandiose ne s'est passé à Neuilly. Rien qui m'aurait obligé à travailler sans relâche durant des jours. Des délits mineurs, faits par les quelques jeunes restants, rébellion oblige. Je vais alors écouter Léna jouer de son violoncelle ou la regarder préparer ses décorations pour des clients. Elle est belle ma Léna. Quand elle travaille, on voit au fond de ses yeux, une lueur orange, signe qu’elle se concentre. Et moi, je m’invente des histoires de meurtres. Souvent même. Quand on est inspecteur de police, on s’imagine toujours des scénarios les plus invraisemblables possible. Des fois, je me fais peur à moi-même.

Aujourd’hui, nous sommes le douze février 2010. Tranquillement assis dans mon canapé lorsque mon téléphone sonne. J’ouvre la porte de mon bureau à la volée et saute sur le combiné. « Allô ? » « Adams Berg ? Ici Charles Leroux, je vous appelle pour une affaire urgente. Rendez-vous dans dix minutes rue Pauline-Borghèse. » Leroux, c’est mon patron, c'est un type étrange mais foncièrement gentil. Je travaille avec lui depuis tellement de temps, que je connais ses tics et ses manières sur le bout des doigts. Ne rien m'expliquer ? M'ordonner presque de voler jusqu'à lui ? Quelque chose est arrivé, et pas n'importe quoi. Je peux être sûr qu'à partir de ce soir, les scénarios que je m'inventais seront tournés en évènement réel. Je me rue sur mon imper gris et sors de mon appartement. La rue est à deux pas de chez moi, j’irai à pied. Arrivé sur place, une dizaine de voitures de police sont garées dans la rue. De loin, je repère la veste jaune de mon patron. Je me dirige vers lui, à ses côtés, se trouve une bâche. Comme je l'avais imaginé, ce soir, je n'ira pas dormir la tête vide.

« Bonjour patron » dis-je. « Ah tiens, Berg. Toi qui voulais une affaire, tu vas être servi. »Et en quelques mots, Leroux me raconte l’histoire, et quelle histoire ! « Hé Berg ! Ce meurtre me rappelle fort une histoire de crime qui il y a eu quelques années auparavant. Quand tu n’étais pas encore là. » Mon patron me raconte le crime de cette nuit. Cela c’est passé ce matin, un jeune couple sortait de chez lui pour se rendre chez des amis quand dans une ruelle, une odeur de sang se dégageait, soutenue par quelque chose de sucré. Après s'être avancé dans cette petite ruelle, ils découvrirent avec horreur un cadavre, paniqués ils appelèrent la gendarmerie en toute urgence.  Le jeune couple, toujours présent avaient été pris en main par une équipe de soins. Ils pouvaient dire adieu à leur sortie. En effet, on venait de retrouver une jeune femme mutilée de tous côtés, habillée de façon étrange, des habits ressemblant à ceux datant du moyen-âge avec sur son cœur, un Lotus. Ce sont les seuls indices qu’ils ont trouvés. Je fus chargé de l'enquête.  Afin de bien commencer cette enquête, je m'approchais du la jeune femme. J’aurais dû m’abstenir. La gorge de la jeune fille était ouverte, une plaie béante. Ses bras reposaient en croix sur son corps. Ses yeux bleus étaient ouverts, et reflétaient la peur. Le long de ses côtes, on voyait de multiples petits trous, comme percés par des aiguilles. Son ventre avait été lacéré de coup de couteaux. Et le pire, c’est que sa gorge avait sûrement été tranchée après ses autres blessures. La souffrance avait été au rendez-vous.

De retour chez moi, je tourne et retourne dans ma tête tout ce que je viens d’apprendre. Entre temps, un coup de fil m’a été donné. On lui a fait une autopsie, son œsophage est rempli d’une substance épaisse. D’après les laborantins, il s’agirait d’un fruit de lotus réduit en bouillie, mélangé à un produit de nettoyage. Bizarre.

Vingt-quatre heures sont passées, je suis toujours dans mon bureau à essayer de trouver, ne fusse qu’un indice. Rien. Hier soir, j’en ai parlé à Léna, alors qu’elle m’aide souvent pour mes enquêtes, ici, elle n’a rien dit. Juste que demain elle irait faire les courses. Je me débrouille donc seul. Et ça me stresse, je ne trouve rien, je n’avance pas. J'ai demandé au post qu'on m'envoie un rapport détaillé sur la famille de la jeune femme. Leurs emplois du temps à ce moment là, leurs états d'esprit pour l'instant, et tout ce qui pourrait me mettre sur une piste. Pour ma part, je compte aller faire un tour du côté de son école et de ses professeurs. Peut-être trouverais-je un indice.

Je suis retourné sur les lieux du crime, pour voir si des indices ne nous avaient pas échappés. J’ai cherché toute l’après-midi, et je n’ai rien trouvé. Mais en regardant les murs, les pavés de plus près, il y avait une inscription. On aurait dit qu’elle était faite avec de la craie. « Même jour, même heure ».

Aujourd’hui, une semaine est passée exactement, c’est le soir. D’après l’inscription à la craie, il y aurait un meurtre. Mais blague de petits voyous ou écrit du meurtrier ? On ne peut être sûr de rien. Ma femme est de sortie, je ferme donc la porte à clé et sors. Je me dirige vers la ruelle où s’est passé le premier crime. Aucun lampadaire n’est allumé, personne n’est dehors. Le silence est roi, pas un seul petit bruit. Bonjour la frayeur. Trois heures du matin, j’ai froid, je suis fatigué, et Adams Berg a peur, je l’avoue. Je suis de retour à l’endroit du crime. Et comme un avertissement, je sens des frissons me parcourir l’échine. J’ouvre un peu plus les yeux, les oreilles, tous mes sens aux aguets. Alors que je marche vers une source de lumière, je sens des pas derrière moi. Brusquement je me retourne. Rien. De moins en moins confiant, je continue ma route, me sentant de plus en plus mal à l’aise, quand tout à coup, j’entends des cris. D’abord étouffés, et au fil des secondes, ces cris augmentent jusqu’à atteindre le paroxysme. La peur au ventre, je me dirige en courant vers l’endroit des cris, de plus en plus vite. Au moment où j’arrive devant l’entrée du parc, j’aperçois au loin une ombre s’enfuyant dans la nuit, de longs cheveux flottant derrière elle, et un manteau trainant. Je veux me lancer derrière elle, quand au coin de la rue, plus personne. Je reviens dans le parc et je tourne sur moi-même, je vois une masse étendue par terre, près de l’étang. Je m’approche. Horreur, une personne inerte couchée dans une mare de sang, son sang. Je suis arrivé trop tard. L’assassin a sévi une nouvelle fois. J’appelle en urgence les ambulanciers, la police et mon patron. Un quart d’heure plus tard, tout le monde est là, on examine la victime. Et comme la première, c’est une fille, ses yeux bleus ouverts et son corps mutilé de partout avec sur son cœur une fleur de Lotus… Et avec de nouveau l’inscription « même jour, même heure ».  

Je suis de retour chez moi. Léna est là, occupée à décorer ses fleurs. Je monte directement dans mon bureau. J’ai eu le droit de prendre le Lotus de la nouvelle victime. Côte à côte, ces fleurs ont l’air tellement innocentes. Et pourtant.
Pas plus d’indices, à l’exception que les deux victimes sont habillées de la même manière, c’est-à-dire des habits moyenâgeux et leurs yeux bleus, coïncidence ou pas ? Et bien sûr, les Lotus. Sûrement la clé du mystère. Je sens de la cuisine monter une odeur peu commune, me rappelant ces victimes. Je sursaute et cours jusqu’à la cuisine, mon esprit est comme paralysé à cause de ces meurtres, je les vois partout, et avec l’odeur, j’ai pensé à l’assassin, ici chez moi. Bêtises. Ce n’est que ma femme qui prépare à manger, les fruits du lotus à la casserole. « Tu aimes les rhizomes de Lotus non ? » me demande Léna. Et je ne sais que lui répondre. Oui, avant j’aimais ça. Maintenant ? Cela me rappelle trop ce liquide dans la gorge des morts. Non, vraiment, je ne peux plus les voir. Déçue et en colère, elle jette son plat et part s’enfermer dans notre chambre.

Depuis quelque temps, je ne dors plus, ne mange que très peu, ma vie se dégrade. Chaque jour, j’ai l’impression d’être suivi par l’assassin, l’impression qu’il me surveille. Mes relations avec Léna se dégradent au fil des jours. J’ai même été jusqu’à la soupçonner après avoir été dans son bureau et vu des habits anciens. Absurdité. Elle m’a ensuite dit que c’était une commande pour un client. Quand j’y pense, quelle idée d’avoir cru ma femme capable de ça. Avec cette enquête, je perds la tête. De plus, l’odeur des Lotus et des vieux habits moyenâgeux me poursuivent, au bureau, chez moi, au parc.
Je n’ai toujours pas plus d’indices pour l’enquête. D’après mon patron, je devrais arrêter de boire trop de café et dormir. J’ai des cernes immenses, et j’ai bien maigri de dix kilos.  

Plusieurs jours sont passés, je crains le divorce entre Léna et moi. Nous n’arrêtons pas de nous disputer, elle est bizarre, ne me parle plus. Je dois trop lui rabâcher les oreilles avec ces meurtres successifs. Ce soir, c’est le jour du prochain meurtre d’après l’inscription. Et même si elle n’a rien avoir, je m’y accroche, ça me permet d’y voir un indice en plus. Je dois donc aller faire une ronde dans le parc et ses alentours. J’angoisse. J’ai trouvé un papier dans la poche de la veste de Léna disant « Jardin Jeanne d’arc, place Winston-Churchill, 26 février à minuit ». Une adresse ? En tout cas, je compte bien m’y rendre. Je ne devrais pas me mêler de la vie privée de Léna, mais je n’y peux rien. Mais qui sait, cela pourrait m’aider pour mon enquête. Et puis, je pourrais peut-être savoir pourquoi elle est si distante.  

Il est minuit moins dix. Et toujours aucun cri. J’ai patrouillé un peu partout. Je me dirige vers le jardin.
Minuit moins cinq. Je suis tapi dans un buisson. J’attends. Minuit sonne. Je suis aux aguets, mon ouïe et ma vue sont au maximum. Des sueurs froides me coulent le long de la colonne vertébrale. Mais voilà un quart d’heure que je suis accroupi et toujours rien. Je me suis bien trompé.

« Adams ? Tu fais quoi ici ? » J’entends derrière moi, et je sursaute terriblement. Devant moi, se trouve Léna, un petit sourire aux coins des lèvres, moquerie ? « Rien, je… fais rien du tout. » Elle est quand même venue ici. Pourquoi ? Je ne saurais le dire. J’étais tellement absorbé par l’entrée du parc pour voir si elle rentrerait par là, que je n’ai fait attention à rien d’autre. Un autre crime se serait passé ? Je le crains. Alors qu’on se dirige vers notre appartement, nous voyons deux jeunes courir vers nous, la peur dans les yeux. Je les intercepte dans leur course, leur montrant mon badge de police. On voit le soulagement se lire sur leurs visages. D’après leurs explications embrouillées, je comprends qu’un autre crime à été commis. Je m’en veux de ne pas avoir fait ma ronde normalement !

Avec Léna, nous nous précipitons dans la direction indiquée, effectivement, une jeune femme, les yeux bleus est étendue par terre. Un lotus sur son cœur. J’appelle encore une fois mon patron et tout le personnel. Une fois que les personnes demandées sont là, je me tourne vers Léna. Voulant lui poser cette question qui me turlupine, le fait qu’elle soit dehors si tard dans les rues, quand je m’arrête net. À trois mètres du crime, se trouve une personne sous un lampadaire, la lumière l’éclairant mais cachant son visage. Un long manteau tombant dans la mare de sang de la victime, des cheveux glissant le long du dos, un couteau dépassant de ses  habits, un petit sourire en coin, cette odeur de Lotus frais, tout tombe sous le sens. Mon coupable, je l’ai !

L’assassin capte mon regard et s’enfuit dans les ruelles sombres, je me lance à sa poursuite. Bien décidé à ne pas le laisser s’enfuir. Pas cette fois. Je sens que je me rapproche, je n’ai pas le poids d’un imper trop lourd ni d’un long couteau en argent. Au détour d’une ruelle, il disparaît dans une maison en construction. Je ralentis pour ensuite m’arrêter à l’entrée. Il est pris au piège de toute façon. Une fois rentré, je veille à bloquer le passage menant à la rue. Pour être sûr qu’il ne s’enfui pas. Des escaliers me font face, et une odeur de Lotus me monte aux narines, elle me rappelle tellement mon chez moi avec Léna cuisinant cette belle plante… Je suis cette odeur, grimpe les escaliers. Deux portes. Sous l’une, un flot de lumière passe en dessous. L’autre est sombre. D’instinct, je choisis la porte sombre, me fiant plus au bruit de respiration et à l’odeur. Sortant mon revolver, j’ouvre la porte précipitamment. Une fenêtre fait office de lumière, la lune éclairant la pièce.

Le meurtrier est là, devant moi. Des centaines de fleurs de Lotus disposées un peu partout dans la pièce. Son manteau est tombé et le couteau, ayant servi à des crimes les plus horribles les uns que les autres, est déposé sur le rebord de la fenêtre. Assis dans un fauteuil, il me regarde. Mon revolver est pointé droit sur lui. Et je vois dans son regard de l’hypocrisie. Il joue avec un Lotus. L’odeur devenue âcre pour moi, me monte aux narines. J’aurais aisément put appeler la police, puisque je tenais à ma merci un des plus terribles meurtriers de Paris. Mais je n’en fîs rien. Je voulais d’abord comprendre ses motivations. Même si je m’en doutais, ça ne serait pas facile. Mon revolver toujours sur lui, je me permets de promener mon regard dans la pièce. Il y a des Lotus partout, dans un coin une armoire vitrée où, semble y avoir d’autres couteaux. Je me raidis un peu plus. À l’opposé de ceux-ci, des photos. Je me concentre et je vois des jeunes filles, aux yeux bleus, toutes devant un bar, bar de prostituées je crois. Je commence à comprendre un peu. Je me retourne vers mon assassin, il n’a pas bougé et me regarde toujours. Bien.

« Pourquoi ? » est le seul mot qui sort de ma bouche. Il rigole, se lève et marche de long en large dans la pièce. J’ai mon doigt sur la gâchette, aux moindres mouvements vers un des couteaux, je me verrai dans l’obligation d’y appuyer. « Tu veux savoir ? Bien. Commençons alors ». dit-il, le sourire aux lèvres. « O… oui. »

« J’avais dix ans quand tout commença. J’avais une grande sœur, très belle. De grands yeux bleus. On ne s’entendait pas du tout, tout le monde n’avait d’yeux que pour elle. J’étais sur le côté. En plus, quand les parents partaient, elle me martyrisait avec des amies. Elles aimaient se déguiser en jeunes filles du moyen-âge. Et elles m’attachaient ». À ce moment-là, le meurtrier eut un rire diabolique. « Si elles savaient ce qui les attendaient. » Il arrête de parler pendant quelques minutes quand il reprit, son regard se faisait de plus en plus assassin. « Un jour, mes parents étaient partis pour un week-end. Elles reprirent leur jeu favori. Ma sœur était habillée d’une longue robe et d’un Lotus sur son corset. Alors que j’étais attaché sur une chaise, je fus pris d’une fureur sans pareille. Je réussis à me détacher. Un couteau trainait par là, et sans réfléchir, ma haine prenant le dessus, je m’en saisis et coupa court aux paroles de cette fille qui se disait ma sœur. J’étais tellement hors de moi, que tout son corps fut mutilé de partout. Ses amies prirent peur et s’enfuirent » Je commence à comprendre où va finir son récit. « Ma sœur morte, je pris son Lotus pour le déposer sur son cœur. Et trouvais dans sa poche une carte de visite. Où il était noté qu’elle se prostituait dans un bar pas loin de chez nous. »

Après avoir fini son histoire, notre assassin s’arrête de parler. Et la suite, je la devine seul.
Depuis, toute jeune fille aux yeux bleus et étant prostituée dans un bar, était vouée à être assassinée.
Alors que je médite, je ne le vois pas s’avancer vers le rebord de la fenêtre et empoigner un de ses couteaux.

« J’ai puni toutes les jeunes filles immondes, sales. J’ai fini mon travail, je peux partir » Cette phrase me sort de mes pensées, et je lève vivement la tête.  Le couteau décrivit une courbe de bas en haut et s’enfonça dans son ventre.

« Nooooooooooooooooooooooooooooooon » Il venait de terminer son travail. Lâchant mon revolver, je me précipitais à l’endroit où le corps était tombé.

« Léna… » Fut le dernier mot que je prononçai.

Deux heures plus tard, Leroux et ses officiers m’ont retrouvé pleurant à côté du corps de ma femme. Nous l’avons transportée à l’hôpital, mais c’était trop tard, morte bien avant. Je n’arrive toujours pas à y croire. Ma femme était le coupable, le meurtrier sans pitié, assassinant ses victimes sans scrupules, pour venger sa jeunesse, détruite par une sœur méchante et prostituée contre son gré.

Depuis maintenant dix ans, je vis dans le regret de ne pas avoir pu empêcher tout cela, de ne pas avoir compris plus tôt, pour l’aider, pour l’en sortir. D’après Charles Leroux, cela n’aurait pas été possible, trop de haine, trop de mal était ancré en elle. J’ai arrêté mon métier d’inspecteur, je ne pouvais supporter de continuer, cela me rappelait trop l’affaire Léna. Même après ce qu’elle a fait, je ne peux m’empêcher de l’aimer encore, et de m’en vouloir. J’aurai du deviner qu’elle n’allait pas bien, qu’elle était mal dans sa peau. Il y avait des indices, je ne l’ai pas assez écoutée. Je ne suis pas digne d’elle. Par après, je suis devenu écrivain. J’ai écrit un livre racontant ma vie avec Léna, jamais je ne l’ai publié, ce livre m’a en quelque sorte soulagé. Ce qui a été mis dans les journaux, sont de petites nouvelles racontant des histoires fantastiques.

« Léna, pardon. »
écrit by Wildside
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